Note nationale 18/2011

Négociations sur les Conditions de Travail : où en sommes nous ?

19 novembre 2011

Depuis le 13 mai 2011 sont ouvertes au niveau de la branche caisses d’épargne des négociations sur les conditions de travail.
Trois réunions ont déjà eu lieu.  

Bref historique.
Avec l’accord sur le diagnostic stress de juillet 2009 les patrons des Caisses d’épargne pensaient avoir enfoui le stress, la souffrance au travail et les conditions de travail sous les réunions à répétition de diagnostics et d’experts.
Seule non signataire, la CGT (SUD la rejoindra 2 ans plus tard) avait alors affirmé l’urgence d’actions immédiates pour sauver la santé de nos collègues.

Les conditions de travail continuent de se dégrader jusqu’à l’insoutenable !
Pendant ce temps les directions ont continué de dérouler leurs politiques commerciales et de management. Benchmark, challenges, classements individuels, dépassement d’horaires, charge de travail insupportable, sous effectif chronique … aboutissent à des conséquences dramatiques pour des collègues : tentatives de suicide, suicide d’une de nos collègues de CAZ.

Panique à bord !
Et là c’est l’affolement : l’image de BPCE, celle de François Pérol, risquent d’en prendre un coup. Jean‐Luc Vergne, DRH du groupe, ouvre d’urgence le 13 mai 2011 des négociations sur les conditions de travail.

Et le Personnel ?
Pour la CGT, la gravité de la situation ne peut se satisfaire d’une négociation “habituelle” : dès le début le personnel doit se faire entendre.
La CGT propose alors à tous les syndicats d’appeler à un rassemblement des salariés le jour de l’ouverture des négociations.
Elle le souhaite solidaire, avec toutes celles et tous ceux qui souffrent, et unitaire, pour être plus efficace. Étonnamment, refus des OS sauf de FO qui rejoint la CGT au dernier moment.

Touche pas au grisbi et double discours.
Lors de cette première réunion, la délégation patronale affirme avoir entendu les salariés, les organisations syndicales et être convaincue que « devenir la banque préférée des français passe par le bien être dessalariés au travail ».
Mais les limites sont vite posées : sont exclus du périmètre de la négociation tout ce qui répond aux exigences concurrentielles, la politique globale de l’entreprise, les conditions d’emploi.
Presque dans le même temps, le 19 juillet en comité de groupe, F. Pérol et O. Klein maintiennent un déni quasi‐total du stress, de la souffrance, de la dégradation des conditions de travail.

Un projet patronal insatisfaisant, qui ne répond pas à la gravité de la situation ni ne s’attaque aux raisons de fond de la souffrace au travail.
Dès le début la CGT a fait connaitre son analyse et ses propositions avec la volonté d’obtenir une négociation constructive.

Position rappelée à la nouvelle DRH du groupe Mme Mercier Gallay :
Pour la CGT, la source de la souffrance nait de la contradiction entre la volonté des salariés de bien faire leur travail dans le respect des clients et les politiques commerciales, de management, de RH qui individualisent, isolent, mènent à la solitude jusqu’à l’irréparable pour vendre et faire du PNB à tout prix.
A la suite des réunions la délégation patronale a proposé un projet d’accord.
Mais ce projet d’accord proposé ne répond ni à l’urgence de la situation, ni aux causes fondamentales de la dégradation des conditions de travail.
Le projet d’accord prévoit un observatoire :
il n’est plus temps d’observer, il faut agir.

Au fond, la partie patronale persiste à considérer :

  • qu’il faut plus d’individualisation (accompagnement/ formation),
  • que la souffrance et la dégradation des conditions de travail proviennent d’une méconnaissance et du manque d’appropriation par les salariés des projets et orientations des directions (“savoir pourquoi on trinque” rendrait la réalité du travail moins douloureuse et difficile !).

Ce qu’attend la CGT d’un accord sur les conditions de travail.

  • La CGT attend d’un accord de branche qu’il fixe un cadre, détermine des limites.
    Or, dans le projet, il n’y a aucune limite, aucun cadre.
  • La CGT attend d’un accord de branche qu’il comporte des obligations pour les entreprises.
    Or, dans le projet, il n’y a aucune obligation, tout juste quelques recommandations.
  • La CGT attend d’un accord de branche sur les conditions de travail qu’il fasse référence et valorise les CHSCT, les DP, les CE.
    Or, dans le projet, pas une seule fois les CHSCT, les DP, les CE ne sont cités… tout juste une allusion (et c’est la seule) aux IRP est évoquée.

Attente de réponses.

La CGT a demandé à la délégation patronale ce qu’elle est prête à faire sur le fond pour aboutir à des solutions concrètes avec à titre d’exemple quelques pistes : effectifs (brigades volantes, mise en place de DA/RA adjoint et de technico‐commerciaux en agence, effectifs suffisants dans les fonctions support), structure des rémunérations (valoriser le salaire fixe contre le variable et l’aléatoire, reconnaissance pour tous des compétences acquises), cadrage et respect des horaires, etc.

Comme mesure urgente et signe fort de la part de la partie patronale, la CGT demande l’arrêt de tous les systèmes (benchmark, challenges, classements individuels, etc…) qui mettent en concurrence les entités de travail et les salariés.
S’ajoute l’arrêt des contestations juridiques par les directions des décisions de CHSCT (choix d’experts notamment).

Sans interventions du Personnel, le risque d’enlisement est certain.

La délégation patronale a proposé de poursuivre la négociation par la mise en place de groupe de travail par thème (charge de travail, benchmark et conformité/politique commerciale).
La CGT, évidemment, sera présente : nous voulons faire avancer les choses !

La crainte est vive cependant que la stratégie patronale reste la même sur le fond : gagner du temps, repousser sans cesse des mesures de fond à coup de réunions pour, pendant ce temps, continuer à mettre en oeuvre ses projets sans aucune considération des clients et des salariés (activation client, plateformes de fonctions supports, PSE et réduction d’effectifs, chantage à la part variable, à l’emploi, au temps partiel, à la promotion, charge de travail excessive, benchmark, challenge et classements) qui tous, à la poursuite du PNB, dégradent les conditions de travail, isolent chacune et chacun d’entre nous, détruisent.

Si l’utilisation de la justice pour donner droit aux salariés
est une nécessité (et la CGT ne s’en prive pas),
elle ne peut remplacer la mobilisation collective des salariés
pour que la peur change de camp.

note nationale 2011 18 - Négos conditions de travail