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Informations socialisme: La crise politique et constitutionnelle d’Israël — Blog IACL-IADC

Alors que Benjamin Netanyahu prépare le terrain pour son nouveau gouvernement de coalition qui sera probablement présenté à la Knesset la semaine prochaine, une série de lois est envisagée à la Knesset (le parlement israélien) qui présente un danger clair et actuel pour les institutions démocratiques de la Etat. Afin de comprendre le potentiel destructeur des lois proposées, il est nécessaire d’apprécier la structure constitutionnelle fragile du pays.

La Constitution d’Israël

Tandis que Déclaration d’indépendance d’Israël a déclaré que le nouvel État aurait une constitution formelle, une décision politique a été prise de ne pas rédiger la constitution immédiatement, mais d’adopter une série de lois fondamentales qui formeraient finalement la constitution du pays. Des lois fondamentales traitant des branches du gouvernement ont été promulguées, mais la plupart de ces lois n’étaient pas enchâssées et peuvent être modifiées par une simple majorité parlementaire. Par ailleurs, la Cour suprême tenue à l’origine que les lois fondamentales n’avaient pas un statut normatif supérieur à la législation ordinaire. Après la promulgation en 1992 de deux lois fondamentales traitant des droits de l’homme, la Cour suprême a changé de cap. En 1995 le La Cour a jugé que toutes les lois fondamentales avaient un statut constitutionnel, que la législation parlementaire est soumise à un contrôle juridictionnel et que la Cour peut annuler une telle législation si elle est incompatible avec les lois fondamentales. Au cours des 27 années qui se sont écoulées depuis lors, la Cour a invalidé des dispositions dans 22 lois, tout en confirmant la constitutionnalité de dizaines de lois qui ont été contestées devant elle.

Contexte politique

Lors des élections de novembre 2022, le bloc des partis de droite et religieux, dirigé par le parti du Likoud de Netanyahu, a obtenu une majorité de 64 membres sur les 120 membres de la Knesset.. Bien que Netanyahu est jugé devant le tribunal de district de Jérusalem le accusations de corruptionil reçut le mandat de former un nouveau gouvernement. Cela impliquait de parvenir à des accords avec les petits partis du bloc. Une partie des revendications de ces partis était que certains textes législatifs soient promulgués avant que le nouveau gouvernement ne soit présenté à la Knesset.

L’hypothèse de la majorité actuelle, nouvellement élue, à la Knesset qui a prêté serment le 15 novembre est simple : puisqu’ils ont une majorité parlementaire, ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Les lois envisagées en ce moment visent à éliminer tout obstacle susceptible de les empêcher de faire exactement cela.

Clause dérogatoire

Il est en effet assez clair que certaines des propositions qui ont été diffusées par les partis du bloc de coalition, comme une législation qui mettrait un terme au procès pénal de Netanyahu, ne résisteraient pas à un contrôle judiciaire. La « solution » proposée à cet obstacle consiste à introduire une clause de dérogation dans les lois fondamentales d’Israël. Une telle clause permettrait à une majorité simple à la Knesset d’introduire dans une loi invalidée par la Cour, voire dans une loi susceptible d’être invalidée par la Cour, une disposition selon laquelle ladite loi serait valide nonobstant les dispositions des lois fondamentales ou l’arrêt de la Cour. Dans un système parlementaire, où la discipline de coalition signifie que l’exécutif exerce un contrôle effectif sur la Knesset, une telle clause dérogatoire sonnerait le glas de la protection constitutionnelle et judiciaire des droits de l’homme dans le pays et permettrait également aux politiciens corrompus de continuer à exercer le pouvoir politique. Avec la majorité populiste actuelle à la Knesset, il est difficile de croire qu’il y aura d’autres contraintes à l’utilisation débridée du pouvoir gouvernemental.

Menaces contre l’indépendance de la Cour

En raison du pouvoir de contrôle juridictionnel de la Cour sur la législation, de certaines décisions affectant la communauté ultra-orthodoxe, de l’ingérence dans les décisions gouvernementales qui violent les droits de l’homme de minorités impopulaires (telles que les demandeurs d’asile et les propriétaires terriens palestiniens en Cisjordanie) et de la perception erronée qu’elle empêche le gouvernement de statuer, la Cour suprême est devenue une institution controversée et détestée par les membres des partis de la coalition actuelle.

Je suis la dernière personne à dire que la Cour est irréprochable. Néanmoins, aussi critique que l’on puisse porter sur certaines décisions de la Cour, on ne peut nier que la Cour s’est révélée être une institution assez solide. Au cours de ses 74 années d’existence, la Cour a promu la protection des droits fondamentaux, tels que la liberté d’expression, l’égalité des sexes et la liberté personnelle, et a fourni aux individus un recours contre les décisions arbitraires du gouvernement. Il a également tenté de lutter contre la corruption du gouvernement.

Outre la clause dérogatoire, qui affecte clairement l’indépendance judiciaire, une autre proposition concerne les changements dans le mode de nomination des juges. Dans le cadre du système actuel, tous les juges sont sélectionnés par un comité de neuf membres composé de quatre politiciens, trois juges de la Cour suprême et deux membres du Barreau. Pour être nommé juge à la Cour suprême, un candidat doit obtenir le soutien d’au moins sept des neuf membres. Ainsi, un consensus doit être atteint entre les membres politiques et professionnels du comité. La proposition est soit d’adopter un processus purement politique pour la sélection des juges de la Cour suprême, soit d’augmenter le nombre de membres politiques de la commission, soit de soumettre les candidats à une audition et à une approbation parlementaires.

L’homme appelé à devenir ministre de la justice dans le nouveau gouvernement a également proposé abaisser l’âge obligatoire de la retraite des juges de 70 à 67 ans, avec application immédiate. Si elle est adoptée, cette proposition équivaudrait à retirer de leurs fonctions le juge en chef et deux autres juges de la Cour suprême qui sont considérés comme parmi les juges les plus libéraux de la Cour. C’est bien sûr la tactique utilisée en Hongrie et en Pologne pour se débarrasser des juges « gênants ». Les tribunaux de l’Union européenne ont jugé cette tactique incompatible avec le droit européen (ici et ici). En Israël, il n’y a pas de contraintes judiciaires externes sur la législation.

Changements de contrôle sur les colons en Cisjordanie occupée

À l’heure actuelle, la Cisjordanie occupée est, du moins en théorie, sous le contrôle du commandant militaire. Sous un ordre militaire promulgué en 1981, une administration civile, dirigée par un officier de l’armée soumis au commandant militaire, est chargée des affaires civiles (par opposition aux questions militaires et de sécurité) des Palestiniens et des colons israéliens. Sous un une entente signé entre un parti religieux de droite et le Likoud, le chef de l’ancien parti sera nommé ministre au ministère de la Défense. Plutôt que le ministre de la défense lui-même, qui a le contrôle au nom du gouvernement sur l’armée, ce ministre aura le contrôle sur l’administration civile. Cette proposition expose la politique du gouvernement en Cisjordanie, selon laquelle le régime militaire s’applique aux Palestiniens, mais pas aux colons israéliens qui bénéficient d’un traitement préférentiel. Entend-on le mot « apartheid » mentionné ?

Contrôle sur la police

En vertu de la loi en vigueur, la police israélienne jouit d’une large indépendance vis-à-vis de l’ingérence politique dans ses décisions, y compris celles concernant les enquêtes, les poursuites et le contrôle des manifestations. Le ministre de la sécurité intérieure a un rôle de tutelle, mais ne peut s’immiscer dans les décisions opérationnelles. L’une des nominations les plus absurdes du nouveau gouvernement est celle du chef d’un parti raciste en tant que nouveau ministre de la sécurité nationale. Cet individu a été reconnu coupable dans le passé d’incitation au racisme et a été accusé de nombreux crimes au fil des ans. L’une de ses revendications pour rejoindre le nouveau gouvernement était la modification de la loi sur la police, afin de donner au ministre le contrôle de la politique et des priorités de la police. Le modification proposée est actuellement à l’étude à la Knesset. S’il est adopté, l’amendement permettrait au ministre, par exemple, d’ordonner à la police d’accorder une faible préférence aux enquêtes sur les accusations de corruption portées par des politiciens, de ne pas appliquer la loi contre certaines sections de la population (comme les colons en Cisjordanie) et d’interdire les manifestations des groupes antigouvernementaux.

Atteinte à l’indépendance des conseillers juridiques

La proposition finale que je mentionnerai expose le fait que ce qui dérange vraiment les partis de la coalition entrante n’est pas le contrôle juridictionnel ; c’est plutôt l’idée même qu’il y a des limites légales à leurs pouvoirs. Dans le cadre du système actuel, le procureur général de l’État jouit d’une indépendance professionnelle et, dans chaque ministère du gouvernement, il y a des juristes professionnels, qui sont nommés par des organismes professionnels et sont soumis au procureur général. Ceci est censé garantir que les ministères agiront dans les limites de la loi. Le présente proposition consiste à transformer les conseillers juridiques en personnes nommées par le ministre, qui peut les nommer et les révoquer à sa guise. Aucune analyse sophistiquée n’est nécessaire pour montrer ce que cela signifiera pour l’État de droit.

En conclusion

Chacune des propositions ci-dessus menace évidemment les institutions démocratiques d’Israël qui ont été construites au cours des 74 dernières années. Pris ensemble, ils ébranlent les fondements mêmes de l’État.

David Kretzmer est professeur émérite de droit à l’Université hébraïque de Jérusalem.

Citation suggérée : David Kretzmer, « La crise politique et constitutionnelle d’Israël » Blog IACL-AIDC (23 décembre 2022)

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