Intersyndicale du CFF - 03/03/2023

Avenir du Crédit Foncier



A notre demande, l’Intersyndicale du Crédit Foncier a été reçue le 26 février par François Pérol, Président de BPCE. Cette entrevue nous semblait indispensable au moment où le sort du CFF se précise.

Tous ensemble :

Rappelons au passage que la loi du 20 août 2008, qui suivait un accord entre deux organisations syndicales (au niveau confédéral) et l’Etat, a modifié les règles de la représentativité syndicale, exigeant un score de 10% au premier tour des élections au Comité d’Entreprise pour que la représentativité d’une organisation syndicale soit reconnue. Deux organisations du CFF se sont retrouvées au-dessous de la barre des 10% aux dernières élections. Mais nous savons tous que l’union est indispensable, que sans elle, le CFF et ses salariés auraient disparu dans la tempête des années 90. Cela n’empêche pas chaque organisation d’avoir ses opinions, ses valeurs, ses particularités, ses choix propres à telle ou telle occasion. Mais l’union faisant la force, toutes nos organisations ont décidé de poursuivre ensemble, au-delà de la loi, leurs réflexions et leurs actions communes pour la sauvegarde du CFF et de ses salariés. Dans ce cadre, elles ont passé entre elles un accord pérennisant leur esprit de solidarité.

Aussi, c’est au grand complet, à sept organisations, que nous avons été reçus par François Pérol, en présence de Messieurs Vergne (DRH de BPCE) et Blancard.

L’avenir du CFF selon François Pérol :

  • La décision est prise : le Crédit Foncier n’est pas une participation financière qui peut être cédée à tout moment. Il fait partie des métiers stratégiques du groupe. Son rôle consiste dans le financement de l’immobilier sous toutes ses formes et recouvre d’autres activités sous l’angle de l’expertise.
  • D’ici juillet 2010 le CFF sera contrôlé à 100% par BPCE et non plus par la seule CNCE. Il sera donc autant aux Banques Populaires qu’aux Caisses d’Epargne. Les opérations pour y parvenir débutent dès maintenant.
  • Dès lors, le Directeur Général du CFF, François Blancard, entre au Comité Exécutif de BPCE. La composition du Conseil d’Administration va être modifiée pour y intégrer, outre des représentants des Caisses d’Epargne, des membres des Banques Populaires et des administrateurs indépendants. Le président, Guy Cotret, sera remplacé, son successeur devant être désigné cette semaine.
  • Le « pôle immobilier » organisé sous les Caisses d’Epargne disparait et son patron, Guy Cotret, avec lui. Il quitte le groupe par la petite porte. BPCE n’a pas vocation d’être un acteur industriel de l’immobilier. Par exemple, il n’a pas de raisons d’avoir une activité de promoteur. D’ailleurs on attend toujours les synergies qui devaient résulter de ce type de rapprochements dont les résultats ne sont pas convaincants. Foncia, Eurosic, Nexity, n’apparaissent plus que comme de simples participations financières qui pourront être arbitrées, sans précipitation, au gré des opportunités. GCE-SEM et GCE-HABITAT rejoindront les Caisses d’Epargne en direct.
  • Côté périmètre, le CFF devra se concentrer sur ses métiers crédit et expertise. Il perdra le Crédit-Bail qui rejoindra Natixis, une seule plate-forme devant demeurer en la matière selon F. Pérol. L’expression est plus ambigüe en ce qui concerne les prêts aux collectivités territoriales. Dans ce domaine, le CFF a vocation à intervenir « en refinancement et en compétence ». Le groupe entend utiliser la SCF (qui reste attachée au CFF) pour le refinancement de ce secteur mais les modalités semblent encore à déterminer.
  • Les Partenariats Public Privé restent au CFF.
  • Concernant les besoins en capitaux propres du groupe, notamment après prise en compte de nouvelles normes dites Bâle 3, François Pérol s’est contenté de dire que le groupe devrait parvenir à un ratio « tiers one » supérieur à 8%. Il est également prévu de rembourser l’Etat d’ici à fin 2013. Pour y parvenir on compte sur une rentabilité (ROE) de 12%.

Que peut-on en penser ?

L’entretien n’a duré que trois quarts d’heure et il serait aventureux d’en tirer de longs développements pour l’instant. Néanmoins quelques remarques s’imposent :

  • Le fait de rester dans le groupe peut sembler rassurant dans un premier temps.
  • Mais que va-t-il se passer pour les salariés du Crédit Bail ?
  • Quid des collectivités locales, jusqu’où ira une intervention dont on n’évoque guère que l’aspect refinancement ?
  • Manifestement, le CFF court un risque de contingentement de sa production via ses ressources. En effet, si la SCF doit se mettre au service du reste du groupe, cela peut venir en concurrence avec les besoins de financement du CFF.
  • De plus, on voit mal comment le Groupe va se procurer les capitaux propres nécessaires à la fois au remboursement de l’Etat et aux exigences de Bâle 3. Il est difficile de croire que la rentabilité du groupe suffira et ceci d’autant plus qu’un taux de ROE supérieur à 12% semble vraiment utopique, surtout dans la conjoncture actuelle. Les tensions risquent d’être fortes. F. Pérol a signalé que les départs en retraite ne seront pas forcément remplacés dans le groupe, ce qui laisse augurer de conditions de travail encore plus difficiles.
  • Or, si les capitaux propres font défaut ou sont trop rares, comment le CFF pourra-t-il se développer, sachant que l’augmentation des encours est nécessairement couplée avec une croissance des capitaux propres auxquels ils s’adossent ?

Nous ne manquerons pas de compléter nos analyses à l’occasion des CCE qui vont se succéder dans les prochains mois. La vigilance s’impose.

emailVersion imprimable de cet article imprimable